PIB Vaudois

PIB Vaudois

Le PIB est un indicateur essentiel pour évaluer la force et le dynamisme d’une économie.

En tant que mesure de la conjoncture, le produit intérieur brut (PIB) est un outil indispensable pour les responsables de l’économie privée et les décideurs politiques. Grâce aux données historiques et aux prévisions de croissance, il leur permet de mieux comprendre l’évolution de la conjoncture, de préparer leurs décisions et de piloter leurs projets. Le découpage des données en secteurs et en branches permet aussi de tenir compte des variations entre les différents domaines d’activité.

Le calcul du PIB vaudois est confié aux économistes Claudio Sfreddo (chef de projet depuis 2008) et Giuliano Bianchi de l’Institut QUANTITAS pour l’analyse et la prévision économiques, hébergé à l’EHL et rattaché à la HES-SO. Il se base notamment sur les données de référence de l’Office fédéral de la statistique et du Secrétariat d’Etat à l’économie. Les taux de croissance suisse et vaudois publiés sont corrigés des effets des grandes manifestations sportives internationales. Publié depuis 2008, initialement deux fois par an, le PIB vaudois est publié depuis 2011 quatre fois par an.

Prévisions

15 avril 2025

PIB vaudois: perspectives assombries par une incertitude de plus en plus élevée

Le degré d’incertitude a encore augmenté pour l’économie vaudoise, avec l’annonce début avril par les États-Unis de droits de douane touchant la plupart des économies. Si une récession n’est pas à l’ordre du jour, la croissance dans le canton et en Suisse devrait à nouveau s’inscrire cette année en dessous de la moyenne des quinze dernières années, vraisemblablement entre 1,2% et 1,7% pour le premier et 1,1% et 1,4% dans la seconde, selon le scénario considéré. L’incertitude reste de mise pour 2026, avec une croissance qui pourrait s’inscrire entre 0,8% et 1,9% dans le canton et 0,8% et 1,6% en Suisse, selon les données publiées par la Commission Conjoncture vaudoise ainsi que les prévisions et scénarios du SECO. Ces prévisions sont susceptibles d’évoluer au cours des prochains trimestres.

Un ralentissement conjoncturel se dessine à l’échelle mondiale avec l’annonce début avril par les États-Unis de droits de douane élevés sur une large liste de produits importés depuis la plupart des économies du monde. Le degré d’incertitude est très élevé, avec notamment le report de la mise en œuvre d’une partie de ces droits à juillet 2025 et la perspective de négociations avec la Suisse et de nombreux pays. Seule exception notable: le commerce entre la Chine et les États-Unis est frappé dans les deux sens par des droits de douane très élevés. Pour la Suisse, le scénario de croissance freinée par une escalade des tensions commerciales formulé en mars par le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) en complément de ses prévisions de base devient ainsi de plus en plus pertinent. Dans le scénario de base, la croissance suisse était attendue à 1,4% cette année et 1,6% l’an prochain, ce qui correspond à des croissances de respectivement 1,7% et 1,9% pour le canton. L’intensification des tensions commerciales pourrait ramener la croissance suisse à 1,1% cette année et à 0,8% l’an prochain, ce qui correspond à 1,2% et à 0,8% pour le canton.

Demande intérieure robuste

Cette évolution survient alors que la croissance mondiale peine à retrouver de l’élan et que d’autres facteurs d’incertitude restent présents, comme les risques géopolitiques, l’endettement de certains pays ou l’évolution du cours du franc et des relations avec l’Union européenne (UE). Ainsi, après une croissance de 0,9% en Suisse et de 1,3% dans le canton en 2024, la reprise escomptée dans les prévisions précédentes pourrait ne pas se concrétiser. D’autres développements susceptibles d’avoir des répercussions économiques positives, comme l’intention du gouvernement allemand d’investir dans les infrastructures ou celle de l’UE de renforcer sa défense, sont passés au second plan. Un autre scénario du SECO basé sur ces derniers, et sans escalade dans la guerre commerciale, est peu vraisemblable. En revanche, des investissements dans l’UE, principal débouché pour les exportations suisses et vaudoises, pourraient avoir un effet positif.

Les économies suisse et vaudoise peuvent en outre compter sur le soutien d’une demande intérieure solide. Industrie mise à part, les indicateurs de la marche des affaires publiés par la Commission Conjoncture vaudoise sont soit positifs (construction et services) soit en amélioration (commerce de détail et hôtellerie-restauration). Le taux de chômage, même s’il est remonté depuis ses plus bas de 2023, demeure peu élevé, à 2,9% en mars en Suisse et à 4,5% dans le canton. L’inflation est faible, à 0,3% en rythme annuel en mars, de même que les taux d’intérêt après l’assouplissement de la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), dont le taux directeur est passé de 1,75% à 0,25% entre mars 2024 et mars 2025.

Incertitude en ce qui concerne les branches

En raison du degré d’incertitude, les prévisions par branche sont à considérer avec prudence. Toutefois, certaines tendances se dégagent, qui pourraient continuer de se vérifier cette année. Dans les branches manufacturières, l’industrie des machines, la fabrication d’instruments de précision et l’horlogerie faisaient déjà face à des vents contraires en raison du manque d’élan de la conjoncture mondiale et de nouveaux droits de douane américains sont susceptibles de renforcer ces difficultés. En revanche, le fait que les médicaments en soient, en tout cas provisoirement, exemptés pourrait permettre à la chimie-pharma de continuer à croître fortement cette année. La construction bénéficie, de son côté, d’une demande relativement solide.

Dans les services, l’hôtellerie-restauration pourrait voir son activité se tasser après le rebond suivant la crise du COVID et les transports être freinés par l’incertitude. Les autres activités relevant du tertiaire, soit les services aux entreprises et les activités immobilières, les services financiers, les services publics et parapublics ainsi que le commerce devraient, quant à eux, bénéficier d’une demande domestique robuste.

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